Il y a 100 ans , votre école ressemblait à une grange aux murs sombres sur lesquels on n'apercevait même pas une carte.Le mobilier était des plus simples: un tableau noir, un poêle, des tables de chêne de 3 métres de longueur.
Les récréations avaient lieu dans les rues voisines, sans abri. Les garçons couraient autour de la ferme de M.Margerin. Dans la rue de l'église, ils jouaient aux barres, aux billes, à la guise, un jeu dangereux qui lançait très loin un bout de bois pointu dont il fallait se méfier.
En été, par les jours de chaleur, ils s'allongeaient dans la poussière et jouaient aux cartes.S'ils avaient soif, ils allaient se rafraîchir à leur maison, même s'ils en étaient éloignés.
Les filles préféraient jouer à la corde à sauter, dans la rue de la Mairie et le chemin de Neuvillette.
Notre maître, Monsieur Lenain, ne nous surveillait pas pendant les récréations. Il s'occupait de son rucher qu'il avait construit au Sud de la classe, contre le cimetière.
Il avait une passion pour l'apiculture .
Quand il s'aperçut que nos pères ne possédaient que quelques ruches médiocres qui ne rapportaient que très peu de miel et qu'il fallait asphyxier les abeilles pour recueillir
une récolte insignifiante, il leur apprit comment on construisait des ruches à cadre sans faire mourir les abeilles.Nos papas récoltèrent du miel en abondance et nos mamans allèrent en vendre à la ville.
De plus ils fabriquèrent un excellent hydromel très apprécié par leurs amis avec de délicieux gâteaux au miel.
Le jardin de l'instituteur se trouvait entre l'école et le cimetière. Il n'était pas décent de manger des pommes de terre qui poussaient à deux mètres des caveaux.
Le Conseil Municipal décida enfin de supprimer le jardin pour en faire une cour d'école .
Aussitot, M.Monaque, Maire et cultivateur, envoya de suite un varlet avec trois chevaux et un brabant pour labourer le vaste terrain contigu à l'école.
Ce fut le nouveau jardin de l'Instituteur.
Le lendemain, à l'heure des récréations, notre maître nous envoya écraser les mottes de terre avec nos sabots. Ce fut pour nous un amusement très agréable , on s'envoya des projectiles d'un bout à l'autre du terrain jusqu'au moment où la herse vint aplanir le sol. Le rouleau termina notre travail et Monsieur l'Instituteur put commencer à y planter ses choux.